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Sur la piste🏎️

Force motrice du changement : Leanne Junnila, fondatrice de WIMCanada

6 mars 2024

Depuis 2019, Women in Motorsport Canada se bat pour l’égalité et l’inclusion des femmes dans tous les aspects du sport automobile, qu’il s’agisse des pilotes ou des ingénieures, en passant par le personnel de communication, et bien plus encore!

 

WIMCanada a organisé de nombreuses activités, dont des stages d’observation pour les Guides à l’Indy de Toronto et des activités de construction de voitures Lego où les jeunes filles ont dû réfléchir à la physique des empattements et qui se sont terminées par une course sur une rampe. Elle a même contribué à la création de WIMSim, la première série de simulateurs de course automobile conçus spécifiquement pour les femmes.

 

Cependant, avant qu’elle ne fonde WIMCanada, Leanne Junnila était une jeune femme qui ne se doutait pas que le sport automobile changerait complètement sa vie. Son parcours dans la vie et dans le sport automobile est particulièrement inspirant, et nous avons eu l’honneur de nous entretenir avec elle pour découvrir comment le sport automobile a façonné ce qu’elle est devenue, et surtout, comment elle façonne le sport automobile.

Savoir conduire et avoir confiance au volant

Nombreux sont ceux qui se lancent dans le sport automobile parce que leurs parents ou d’autres membres de leur famille étaient eux-mêmes pilotes, ou parce que les membres de leur famille étaient des amateurs de ce sport. Mais pour Leanne, c’était loin d’être le cas : sa mère n’avait même pas de permis de conduire!

« C’est vraiment le fruit du hasard, explique-t-elle. J’ai grandi dans une famille monoparentale, dans un appartement, et on se déplaçait à pied. Pas bien le choix, vu que ma mère n’avait pas de permis de conduire. C’était un monde très petit, qui s’est ouvert bien grand lorsque j’ai obtenu mon permis de conduire à 18 ans. »

Pourtant, même si elle ait obtenu son permis de conduire, dès sa première tentative d’ailleurs, Leanne n’avait pas l’impression que le cours de conduite lui avait vraiment appris à conduire.

« Je suis sûre que tout le monde se souvient du stationnement en parallèle qu’il fallait faire encore et encore, dit-elle en riant. Mais je n’avais pas confiance en moi au volant. J’ai fini par chercher en ligne des occasions d’acquérir plus d’expérience de conduite et je suis tombée sur le Calgary Sports Car Club, qui m’a invitée à participer à un événement de slalom automobile. »

Vous connaissez la suite, comme on dit. En découvrant le slalom automobile comme moyen d’améliorer ses compétences de pilote, Leanne s’est découvert, pour le sport automobile, une passion qu’elle n’aurait jamais imaginé avoir!

Du stationnement parallèle au slalom, en passant par le signalement, jusqu’à la défense de l’inclusion des femmes

Après avoir débuté en slalom automobile, Leanne a fini par s’occuper un peu de l’organisation des courses sur le circuit local près de chez elle.

La communauté des coureurs étant très restreinte, elle a fini par rencontrer quelqu’un qui lui a demandé si elle voulait s’essayer au rallye, et une fois de plus, elle a été séduite.

« J’ai essayé de participer à des rallyes en tant que copilote et c’était très amusant, très agréable, explique-t-elle. Quelques années plus tard, après avoir acquis plus d’expérience en tant que copilote et travaillé avec différentes équipes, j’ai été choisie par Subaru Canada pour être la copilote officielle au sein de son équipe. »

Leanne Junnila driving for Subaru

Alors qu’elle gravissait les échelons professionnels, elle a été remarquée par la Fédération internationale de l’automobile (plus connue sous le nom de FIA) et a fini par être choisie comme représentante du Canada au sein de sa commission Femmes dans le sport automobile.

Bien qu’elle semblait être une candidate idéale, Leanne a réalisé, avant d’être nommée à la Commission, qu’il y avait davantage de travail à faire au Canada qu’elle ne l’avait pensé au départ.

« Avant de me joindre à la Commission, j’étais tombée par hasard sur un article de presse qui en parlait, révèle-t-elle. Je n’en connaissais pas vraiment l’existence à l’époque, mais dans cet article, il y avait une liste de tous les membres et le Canada n’y figurait pas. J’ai trouvé cela choquant. Après tout, nous avons une saison active de sport automobile ici et un Grand Prix. Pourquoi le Canada n’y figurerait-il pas? »

Aujourd’hui, Leanne considère ce moment comme la date de naissance de WIMCanada. C’est à ce moment-là qu’elle a su qu’elle devait être la force motrice de l’inclusion des femmes dans tous les aspects du sport automobile au pays.

Se battre pour la cause avec un budget limité

Avec pour nouvelle mission de promouvoir la participation des femmes au sport automobile dans tout le pays, Leanne s’est mise à réfléchir aux différentes façons dont elle pourrait œuvrer pour atteindre les objectifs de WIMCanada.

« C’est un projet chouette à réaliser, déclare-t-elle. Nous nous inspirons de la vision de la Commission de la FIA et du cadre sur lequel elle a commencé à travailler, et nous l’apportons au Canada pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Ce qui fonctionne dans un pays ne fonctionne pas nécessairement dans un autre, alors il a donc fallu expérimenter au début », explique-t-elle.

Dernièrement, l’organisme a élargi sa marque et diffusé ses valeurs en participant à des activités en direct lors d’événements maison du sport automobile tels que le Grand Prix du Canada et l’Indy de Toronto. Lors de ces événements, Leanne met toujours l’accent sur les possibilités d’apprentissage et de formation, en s’assurant que chaque personne qui passe par le kiosque de WIMCanada repart avec plus de connaissances qu’elle n’en avait en arrivant.

Leanne a également participé récemment à la création d’une stratégie liée aux sports électroniques avec D-BOX et Advanced SimRacing, qui permettrait aux femmes de participer à des courses de manière plus abordable et plus accessible.

D-BOX-WIMSIM

Toutefois, les initiatives de WIMCanada n’ont pas toujours été aussi ambitieuses qu’au cours de la dernière année.

« Je n’ai pas vraiment eu beaucoup de financement par le passé, à l’exception d’une partie de la subvention que j’ai obtenue l’année dernière, se désole Leanne. Une grande partie des dépenses a dû être payée par mon entreprise de course. »

 

Malgré le manque de fonds, Leanne s’est rendu compte que même les petites choses peuvent avoir un grand impact.

 

« J’ai passé la plupart de mon temps en tant que copilote de rallye, mais j’ai été pilote pour un rallye il y a quelques années et nous avons terminé une étape qui était un demi-tour, où l’on passe en quelque sorte devant la ligne d’arrivée et où l’on fait demi-tour pour repartir dans l’autre sens, se remémore-t-elle. Alors que je passais devant la file de voitures, j’ai entendu quelqu’un crier à travers la vitre de la voiture : “Attention, une femme au volant!” Je pratique ce sport depuis suffisamment longtemps pour pouvoir ne pas me préoccuper de ce genre de choses. On s’en fout, non? Ils pensent que c’est une blague inoffensive et ils se trouvent drôles. Mais si j’étais nouvelle dans le sport, même si ça n’a l’air de rien, ça envoie vraiment le message que vous n’êtes pas la bienvenue ici. »

 

Bien qu’elle sache que son temps et son budget seront probablement toujours limités, elle sait maintenant qu’il est important de concentrer ses efforts sur les choses qui, selon elle, auront le plus d’impact. Cela peut être aussi simple qu’une présence dans les médias sociaux, un blogue et des interactions avec la communauté du sport automobile; chaque personne qui consulte son compte sur les médias sociaux ou l’un de ses articles de blogue peut devenir une personne de moins qui crie des commentaires sexistes pendant une course. Il n’est pas nécessaire que toutes les activités prennent l’allure d’une grande course automobile pour qu’elles contribuent à rendre plus inclusif le monde du sport automobile.

Le travail d’équipe concrétise le rêve

Bien que Leanne ait dirigé chacune des initiatives de WIMCanada, elle est entourée d’amis, de membres de sa famille et de bénévoles qui sont passionnés par ses buts et qui l’aident par tous les moyens possibles.

L’un des bons souvenirs que conserve Leanne est celui où elle a communiqué avec des clubs au Canada pour leur demander s’ils voulaient des écussons à coudre avec le logo de WIMCanada. Il s’agissait de faire en sorte que lorsque les femmes du sport automobile se croisent lors d’événements, elles aient déjà l’impression de faire partie d’une communauté en portant l’écusson! L’initiative a fini par être si populaire que Leanne s’est retrouvée à organiser un genre de fête que l’on ne voit pas tous les jours.

« J’ai organisé une fête pour remplir des enveloppes chez moi, raconte-t-elle en riant. Nous avons envoyé des centaines d’écussons dans tout le pays pour susciter un sentiment de communauté dans une zone géographique aussi vaste. Depuis, j’ai reçu de nombreuses demandes d’écussons supplémentaires, mais je n’ai tout simplement pas eu le budget nécessaire pour effectuer un nouveau tirage. »

En plus de la fête de remplissage des enveloppes, des amis ont préparé des biscuits pour les événements auxquels ils allaient assister, Carlin a fait don de billets pour les Guides à l’Indy de Toronto et d’innombrables autres gestes de générosité ont été posés par son entourage.

« J’ai été un peu renversée, mais c’est tellement incroyable de voir les efforts que tout le monde déploie pour soutenir un projet aussi ridicule, admet-elle en riant. Cela me donne envie de travailler davantage. C’est un travail de famille. »

Leanne Groupshot

De la course automobile à... la conception environnementale et l’architecture?

Bien qu’elle se consacre corps et âme à la mission de WIMCanada, Leanne occupe un emploi à temps plein dans un tout autre domaine : l’architecture.

« En fait, j’ai une maîtrise en design de l’environnement », dit-elle en riant.

Et ce n’est pas tout. Après avoir obtenu sa première maîtrise, elle est retournée à l’université pour obtenir une maîtrise en architecture.

« Alors que j’étudiais l’architecture et que je préparais ma seconde maîtrise, on m’a proposé de me lancer dans la course à plein temps et je me suis dit : aucune chance. Personne n’obtient un contrat salarié de deux ans dans le sport automobile en Amérique du Nord. C’est ridicule, déclare-t-elle. J’ai donc abandonné l’école d’architecture et j’ai fait de la course pendant deux ans! »

Leanne working on car

Aujourd’hui, elle est retournée à l’architecture et travaille à plein temps à l’Université de Calgary au bureau d’architecture du campus.

« Cela m’occupe, reconnaît-elle J’ai malheureusement freiné ma carrière d’architecte à cause du sport automobile, mais je travaille toujours dans le secteur et j’aime vraiment mon poste actuel à l’Université. C’est une question d’équilibre, je dois dire. »

Conseils pour la prochaine génération de femmes dans le sport automobile

En tant que femme travaillant à rendre le sport automobile plus accessible aux femmes, Leanne avait quelques conseils à donner à celles qui voudraient se tailler une place dans le domaine.

« Toute nouveauté peut faire peur, dit-elle. Il suffit de s’exercer pour se sentir à l’aise dans des milieux qui sont inhabituels. Si le sport automobile vous intéresse, mais qu’il vous semble un peu effrayant et en dehors de votre zone de confort, alors je pense que c’est exactement la raison pour laquelle vous devriez l’essayer. »

Pour Leanne, le sport automobile a appris à la jeune fille qui avait peur d’aller parler à la caissière de son dépanneur local à aller voir le monde et à entreprendre des projets sans crainte. Cela lui a donné la famille dont elle avait besoin pour vivre des expériences extraordinaires, apprendre à résoudre des problèmes et à faire partie d’une équipe.

« Même si ce n’est pas le sport automobile, je pense que la valeur des filles dans le sport est incroyable, conclut-elle. « Je suis très reconnaissante d’avoir pu le constater de mes propres yeux. »

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Leanne working on tire

 

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